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lundi 20 octobre 2014

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If not me, who? If not now, when?
He for She camapain 2014

dimanche 12 octobre 2014

« Hé beauté, tu viens voir Ste plaît ? » Le harcèlement de rue, cette épuisante banalité.




«Salope ! », « Vous êtes charmante mademoiselle », « t’as pas un 06 ? », « sifflement », «sale pute »
Qui n’a jamais entendu, ces insultes, ces remarques lorsqu’ elle marchait dans la rue ?
Pas moi en tout cas. Pas plus tard qu’hier matin, alors que j’étais en vélo avec ma sœur, un groupe de garçons plus jeunes que moi, m’ont balancé des insultes en pleine face. Ce sont donc des « tu veux sortir avec moi ? », ou « remonte encore ta jupe elle n’est pas assez courte ! » et pour finir un magnifique « tu baises ? » qui sont venus perturber notre balade, sous le regard amusé, oui et je n’exagère pas, c’est bien sous le regard amusé des passants que nous nous sommes faites harcelées verbalement. Mais le harcèlement verbal n’est pas le seul harcèlement de rue, les attouchements aussi, dont bien sûr en tant que femme j’ai pu faire la connaissance. Parce que je pense que oui, quand on se rend au lycée en vélo et qu’un homme nous touche les fesses en voiture, oui je pense que c’est un harcèlement physique. Qui en marchant dans la rue n’a jamais vu ce regard pervers , de cet homme qui passe devant nous, qui ne l’a jamais vu ? Aucune femme.
C’est en 2012, que Sofie Peeters plante sa caméra dans un quartier de Bruxelles pour dénoncer les remarques machistes sexuelles et insultantes que certains hommes adressent à des passantes, une dure réalité révélée au grand jour et à tous.

Aujourd’hui je vais vous parler du Street Harassement, l’incontournable, le tristement banal, harcèlement de rue. Je viens donc compléter les articles précédents « Le slut-shaming » et « Sous les jupes des filles » que je vous invite vivement à aller lire !

Le harcèlement de rue ; ce sont les comportements verbaux ou physiques adressés aux personnes dans les lieux publics souvent occupés par des hommes. Ces messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants voir menaçants, sont criés en raison du sexe, du genre ou des orientations sexuelles du passant. Ce sont les femmes ou les personnes LGBT (Lesbienne Gay Bi-sexuel Transexuel) qui en sont victimes chaque jour dans nos villes.  Des actions qui pour moi créent un environnement hostile et portent atteinte à notre dignité ainsi qu’à notre liberté.


Le Harcèlement  n’est surtout pas à confondre avec la drague. Comme son nom l’indique il s’agit d’un harcèlement donc d’une violence, c’est le comportement d’un homme qui ignore volontairement le non consentement à dialoguer de la personne en face de lui. La drague c’est quelque chose qui se construit à deux. 


  Nous sommes donc sujettes à une peur de        l’agression, dans notre propre ville, qui, donc,  nous apparaît moins accessible. 
Devrions-nous changer notre comportement ? Marcher dans la rue tête basse ? Devrions-nous changer nos habits ? Ne plus porter de jupes ou de hauts décolletés ?  Devrions-nous sortir accompagnées plus souvent ? Comme les femmes du Moyen-Orient obligées de sortir accompagnées par un homme ? Devrions-nous leur donner raison ? NON.





Depuis enfant, par l’éducation genrée, on nous répète à nous les filles qu’il ne faut pas sortir seule, que c’est dangereux. Qu’il ne faut pas parler aux inconnus, que l’homme est un prédateur ;  que c’est dans ses gênes, il faut faire attention aux endroits dans lesquels on se rend et à quelle heure on s’y rend. La ville est-elle un lieu d’hommes, qui provoque notre peur des hommes ?

NON. Vous ne voyez pas que tout ça, bah ça porte atteinte à notre liberté, à nos droits ? Bon sang ! On n’est pas des bouts de viande ambulants. On peut sortir dans la rue seules, on peut aller où on veut quand on veut ! Il n’y a pas que les hommes qui ont le droit de faire ça, on a la chance de vivre dans un pays libre  qui respecte et revendique la liberté  et le droit des femmes alors quoi on va faire un bond en arrière ? Ce n’est rien d’autre qu’une vision archaïque de la société.
  


« Oui mais aussi, quand on s’habille comme ça faut pas s’étonner hein ! »
La liberté, comprend tous les domaines, y compris celui du style de notre manière de nous habiller, qui, qui a le droit de nous dicter notre tenue ? Personne. C’est notre choix, notre vie, notre corps on en fait ce que l’on veut. Ce n’est pas parce qu'on porte des jupes que forcément on cherche à se faire insulter, ça vient de la mentalité des hommes pas de notre comportement. Quand je porte une jupe je ne cherche pas les insultes, quand je porte une jupe c’est parce que je le veux, parce que ça me plaît d’en porter une. On ne peut pas se « censurer », pour éviter la confrontation ou par  peur de la réaction d’autrui.

Il y a deux choses qui me choquent d’autant plus dans le harcèlement de rue :
Tout d’abord c’est l’insolence criante de certains hommes :  « hé ma beauté ca va ?....(silence)…… Va te faire foutre tu devrais être reconnaissante que je t’ai dit ça ». Comment peut-on être reconnaissante à une agression, ou une insulte ? On doit s’affirmer, et répondre à ces attaques, à ces paroles sexistes, ou machistes c’est perdre. Mais en recevoir une deuxième alors qu’on essaye de faire comprendre à cet homme qu’il arrête, c’est carrément trop.

Mais c’est aussi, leur insouciance qui me choque. Je me demande souvent si ces hommes, n’ont pas des femmes, des sœurs ou des filles ? C’est bien beau de nous balancer ça à la gueule, mais est-ce qu’ils se sont imaginés un seul instant si c’était un proche qui en était victime ? Agiraient-ils de la même manière ? Ils ne se posent même pas la question de ce qu’on peut ressentir, de la peur qu’on éprouve sur le moment. Ils cherchent sûrement à nous montrer leur soi-disant « puissance » ou encore plus drôle leur « virilité ». Ah bah oui ce sont des hommes des vrais hein qui s’en prennent à celles qui sont pour eux « les plus faibles ». C’est beaucoup trop facile.
On peut se poser la question, alors agiraient-ils pareil si la femme ou la personne LGBT, serait plus grande qu’eux, plus forte ? Je ne sais pas, du moins je ne crois pas.

Alors que faire ?

Et bien on peut devenir de celles qui ont peur de se battre, peur des les affronter, de celles qui ont peur de s’affirmer et de revendiquer ses droits. Mais on peut aussi devenir de celles qui affirment leur statut de femmes, de celles qui se battent, qui revendiquent leurs droits. A vous de choisir.
Je reste persuadée que la meilleure façon de dénoncer une injustice c’est d’abord de prouver qu’elle existe. 
Et je pense que de ce côté-là il y a du boulot.
Néanmoins tout est possible. En Belgique par exemple, le gouvernement belge, pour répondre au reportage de Sofia Peters a légiféré le harcèlement et donc mis en place des amendes et des peines de prisons pour tous les « agresseurs de rue ». C’est déjà une bonne avancée certes, mais c’est quoi ? Un pays sur tout le reste du monde ? C’est franchement peu..

Puis le plus important c’est que cette injustice soit acceptée par les hommes eux-mêmes. Comment faire ? La réponse en une vidéo :






Pour conclure, je reste persuadée qu’il faut parler du harcèlement de rue entre filles et garçons, entre femmes et hommes pour sensibiliser les opinions et qui sait, les faire évoluer.
La liberté est un des droits les plus fondamentaux de notre société, mais le respect en est un aussi. Et pour moi ces deux droits sont à la même place, c’est-à-dire au sommet de mes valeurs.  
                                              
NE VOUS LAISSEZ PAS FAIRE. Unies nous sommes plus fortes.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     ABTS.







Citation du jour.

"J'ai rêvé d'un pays où l'éducation triompherait" - Malala Yousafzai (née en 1997)



Image du jour.

 



Prix Nobel de la Paix 2014, remis ce vendredi 10 Octobre, à :
 l’Indien Kailash Satyarthi et la Pakistanaise Malala Yousafzai (âgée de 17 ans à ce jour)

samedi 11 octobre 2014

Sous les jupes des filles.

Je fais une courte apparition en ce mois d'Octobre pour évoquer un sujet dont j'ai déjà parlé, celui du féminisme, mais je vais aborder un nouveau thème cette fois-ci, évidemment. Le précédent article s'intéressait au phénomène du slut-shaming, n'hésitez-pas à aller le lire ! C'est essentiel de connaître la réalité sexiste dans laquelle nous vivons encore - hélas -.


Le sujet n'est cependant plus là. Je voudrais revenir sur un événement de ma semaine, minuscule parmi les heures qui traversent ma vie de lycéenne bien chargée, mais qui est lourd de signification tout de même.



Mercredi, j'ai décidé de porter une robe. (J'adore les robes, et ce en grande partie grâce à ma maman, qui m'a aidée à oser en porter, qui m'y forcer même. Au début, je me sentais très mal à l'aise, mais j'ai fini par y prendre goût, et je ne peux m'imaginer sans de nombreuses jupes et robes dans mon armoire désormais.) Il ne faisait pas très froid, alors j'ai décidé de ne pas porter de collants non plus. Deux choix en apparence peu importants, mais pourtant ces deux choix sont à l'origine d'une remarque qui m'a été faite par une jeune femme - que je ne connaissais pas - alors que j'attendais le bus.


"Dis, c'est normal que la moitié de tes jambes seulement soient épilées ?" 


En apparence, ce fait, cette phrase, ne sont pas d'une très grande importance. Et pourtant, ils en disent, des choses.
Je tiens à préciser que ce jour-là, mes cuisses n'étaient pas épilées, car non je ne m'épile pas le haut des jambes. Pourquoi, me dira t-on ? Parce que ma mère me l'a toujours interdit, et étant donné que je vis sous son toit, il m'a toujours paru normal de respecter ses choix. Cependant, je suis devenue plus âgée, et je suis en passe d'être considérée comme une adulte désormais, qui peut se prendre en charge toute seule, alors, pourquoi avoir continué de ne pas les épiler ? Tout simplement parce que je ne veux pas les épiler. Non, je ne veux pas épiler le haut de mes jambes. Que cette phrase rentre bien dans vos têtes. C'est MON choix. MA décision.
Si j'épile la partie basse de mes jambes - des genoux aux chevilles - c'est pour des simples considérations esthétiques : je mets souvent des jupes, et je préfère ne pas avoir de poils. Néanmoins, j'ai menti, car en fait, je me rase, et je ne m'épile pas - oui, je parle de poils, et non, ce ne sont pas des choses horrifiantes -. Je me rase, même si cela dure moins longtemps car l'épilateur et la cire, non merci. Je veux bien avoir de belles jambes parce que cela ME plaît, mais hors de question de souffrir pour cela, de souffrir pour ce qui est, et bien, une exigence purement.. sexiste. - Attention, je ne critique pas les femmes qui s'épilent le haut, le bas des jambes, les bras même si elles veulent, chacune fait comme elle le veut, c'est chacun SA liberté -
Et puis, pour revenir à mes poils du haut des jambes, dérangeants pour la jeune femme qui m'a interpellée, je dois dire que je ne les trouve pas vraiment visibles. Ils sont blonds, châtains clairs pour d'autres, alors franchement, ils m'importent peu. D'autant plus que mes jupes ou robes ne laissent pas beaucoup de visibilité à ces poils "honnis".  



Bien, après vous avoir donné l'histoire de mes poils, les pourquoi et les comment, j'en reviens à cette question, à cette interrogation. Au juste, qu'est-ce que ça signifie ? Ce qui est clairement sous-entendu ici c'est que ce n'est pas normal que la moitié de mes jambes soit rasée, et l'autre non. Il faudrait que mes jambes soient totalement rasées/épilées, parce que je mets une jupe, parce que je laisse les autres les apercevoir. Il faudrait que je présente les jambes d'une divine créature, sans aucun affreux poil. 

C'est bien ce qu'elle me disait. Mais pourquoi cette idée d'avoir des jambes ne présentant aucune pilosité, pour la simple raison que je les montre ? Je ne pense pas qu'elle ait eu cette idée seule. En fait, c'est la société qui le lui a inculqué, mais ça, vous le savez déjà, si vous avez déjà pris un minimum de temps pour réfléchir aux obligations imposées par notre société sexiste. En effet, les femmes doivent être non plus des êtres humains comme les autres mais des perfections ambulantes, et les poils, infernales erreurs, gâchent la beauté inaccessible que doivent jouer les femmes. Par ailleurs, la pilosité c'est une affaire d'hommes, une affaire de virilité. Il faut montrer sa puissance, sa supériorité, sa force. Or, les femmes ne doivent pas être viriles. Les femmes ne doivent pas être viriles car cela impliquerait d'être puissantes elles aussi. Les femmes, elles, elles doivent être belles, parfaites, divinisées, magnifiques, pour le plaisir des yeux.

Voilà ce que nous dit la société. Ne le niez pas. Ou alors niez-le si vous le voulez, mais dans ce cas, vous vivrez aveuglément dans le monde. 


Ce que je viens d'énoncer est un constat. Un constat simple. 



A présent, passons à la partie critique. Parce que je ne peux pas laisser cette jeune femme me faire une réflexion de ce type. Si vous voulez savoir, sur le moment, je l'ai ignorée parce que je ne suis pas du genre à perdre mon temps dans des explications faites au coin de la porte, qui ne prendront aucun sens parce qu'elles ne seront pas approfondies. Et je n'aime pas les réactions insultantes et violentes, car ça ne fera pas avancer les choses de lui dire "Ta gueule grosse conne, je fais ce que je veux". Ca ne la fera pas réfléchir et évoluer, et moi, je perdrais mon temps et mon énergie inutilement.

Donc, je choisis le blog pour m'exprimer librement. Je pense que cette remarque était complètement déplacée et qu'elle n'avait pas lieu d'être. Parce que je fais ce que je veux de mon corps. 
Mon corps, c'est ma propriété. 
Mon corps, c'est mes envies. 
Mon corps, c'est mes désirs.
Mon corps, c'est ma vie. 
Mon corps, c'est moi.
Mon corps ne vous appartient pas. Il n'appartient à personne. Vous n'avez pas à le juger. Vous n'avez pas à vous l'approprier. Vous n'avez pas à le mettre au service de préjugés sexistes. Vous n'avez pas à l'analyser. Vous devez simplement accepter. Et si vous n'y arrivez pas, du mois, taisez-vous et épargnez-moi toute remarque déplacée, franchement inutile, et totalement sexiste. 

Et cela vaut pour le corps de toutes les femmes. Si une femme fait le choix de s'épiler ou de se raser, cela la regarde. Si une femme fait le choix de ne pas s'épiler ou de se raser du tout, cela la concerne aussi. Si une femme fait le choix de s'épiler ou de se raser partiellement, cela tient encore de sa responsabilité. 


Vous n'avez pas à lui dicter ses choix, ou à lui faire sous-entendre de manière explicite qu'elle ne correspond pas à vos critères.


Nous sommes des êtres libres. Chacun peut disposer de son corps comme il l'entend. Ce n'est pas votre affaire. 
Et cela vaut aussi pour les corps des hommes. Si un homme fait le choix de s'épiler ou de se raser, cela le regarde. Si un homme fait le choix de ne pas s'épiler ou de se raser du tout, cela le concerne aussi. Si un homme fait le choix de s'épiler ou de se raser partiellement, cela tient encore de sa responsabilité.

Et si une personne qui ne se sent ni homme/ni femme ou à la fois homme et femme fait le choix de s'épiler ou de se raser ; de ne pas s'épiler ou de ne pas se raser du tout ; de s'épiler ou de se raser partiellement, c'est SON corps. 


Apprenez à respecter le corps d'autrui. Apprenez à accepter le corps d'autrui. 


Les préjugés sexistes nous enferment tous. Ce n'est pas qu'une affaire de femmes. Tout le monde est emprisonné. Alors, libérez-vous. Prenez soin de votre corps comme vous l'entendez. Vous n'êtes pas obligé d'obéir à la vision que la société nous impose. Vous pouvez penser, alors soyez courageux, et posez-vous cette question : 


Ma personne est-elle réellement en accord avec les carcans sexistes qui me sont imposés ?


Parce que nos jambes ne sont pas les seules concernées par ce bannissement du poil.




Sylphide