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samedi 11 octobre 2014

Sous les jupes des filles.

Je fais une courte apparition en ce mois d'Octobre pour évoquer un sujet dont j'ai déjà parlé, celui du féminisme, mais je vais aborder un nouveau thème cette fois-ci, évidemment. Le précédent article s'intéressait au phénomène du slut-shaming, n'hésitez-pas à aller le lire ! C'est essentiel de connaître la réalité sexiste dans laquelle nous vivons encore - hélas -.


Le sujet n'est cependant plus là. Je voudrais revenir sur un événement de ma semaine, minuscule parmi les heures qui traversent ma vie de lycéenne bien chargée, mais qui est lourd de signification tout de même.



Mercredi, j'ai décidé de porter une robe. (J'adore les robes, et ce en grande partie grâce à ma maman, qui m'a aidée à oser en porter, qui m'y forcer même. Au début, je me sentais très mal à l'aise, mais j'ai fini par y prendre goût, et je ne peux m'imaginer sans de nombreuses jupes et robes dans mon armoire désormais.) Il ne faisait pas très froid, alors j'ai décidé de ne pas porter de collants non plus. Deux choix en apparence peu importants, mais pourtant ces deux choix sont à l'origine d'une remarque qui m'a été faite par une jeune femme - que je ne connaissais pas - alors que j'attendais le bus.


"Dis, c'est normal que la moitié de tes jambes seulement soient épilées ?" 


En apparence, ce fait, cette phrase, ne sont pas d'une très grande importance. Et pourtant, ils en disent, des choses.
Je tiens à préciser que ce jour-là, mes cuisses n'étaient pas épilées, car non je ne m'épile pas le haut des jambes. Pourquoi, me dira t-on ? Parce que ma mère me l'a toujours interdit, et étant donné que je vis sous son toit, il m'a toujours paru normal de respecter ses choix. Cependant, je suis devenue plus âgée, et je suis en passe d'être considérée comme une adulte désormais, qui peut se prendre en charge toute seule, alors, pourquoi avoir continué de ne pas les épiler ? Tout simplement parce que je ne veux pas les épiler. Non, je ne veux pas épiler le haut de mes jambes. Que cette phrase rentre bien dans vos têtes. C'est MON choix. MA décision.
Si j'épile la partie basse de mes jambes - des genoux aux chevilles - c'est pour des simples considérations esthétiques : je mets souvent des jupes, et je préfère ne pas avoir de poils. Néanmoins, j'ai menti, car en fait, je me rase, et je ne m'épile pas - oui, je parle de poils, et non, ce ne sont pas des choses horrifiantes -. Je me rase, même si cela dure moins longtemps car l'épilateur et la cire, non merci. Je veux bien avoir de belles jambes parce que cela ME plaît, mais hors de question de souffrir pour cela, de souffrir pour ce qui est, et bien, une exigence purement.. sexiste. - Attention, je ne critique pas les femmes qui s'épilent le haut, le bas des jambes, les bras même si elles veulent, chacune fait comme elle le veut, c'est chacun SA liberté -
Et puis, pour revenir à mes poils du haut des jambes, dérangeants pour la jeune femme qui m'a interpellée, je dois dire que je ne les trouve pas vraiment visibles. Ils sont blonds, châtains clairs pour d'autres, alors franchement, ils m'importent peu. D'autant plus que mes jupes ou robes ne laissent pas beaucoup de visibilité à ces poils "honnis".  



Bien, après vous avoir donné l'histoire de mes poils, les pourquoi et les comment, j'en reviens à cette question, à cette interrogation. Au juste, qu'est-ce que ça signifie ? Ce qui est clairement sous-entendu ici c'est que ce n'est pas normal que la moitié de mes jambes soit rasée, et l'autre non. Il faudrait que mes jambes soient totalement rasées/épilées, parce que je mets une jupe, parce que je laisse les autres les apercevoir. Il faudrait que je présente les jambes d'une divine créature, sans aucun affreux poil. 

C'est bien ce qu'elle me disait. Mais pourquoi cette idée d'avoir des jambes ne présentant aucune pilosité, pour la simple raison que je les montre ? Je ne pense pas qu'elle ait eu cette idée seule. En fait, c'est la société qui le lui a inculqué, mais ça, vous le savez déjà, si vous avez déjà pris un minimum de temps pour réfléchir aux obligations imposées par notre société sexiste. En effet, les femmes doivent être non plus des êtres humains comme les autres mais des perfections ambulantes, et les poils, infernales erreurs, gâchent la beauté inaccessible que doivent jouer les femmes. Par ailleurs, la pilosité c'est une affaire d'hommes, une affaire de virilité. Il faut montrer sa puissance, sa supériorité, sa force. Or, les femmes ne doivent pas être viriles. Les femmes ne doivent pas être viriles car cela impliquerait d'être puissantes elles aussi. Les femmes, elles, elles doivent être belles, parfaites, divinisées, magnifiques, pour le plaisir des yeux.

Voilà ce que nous dit la société. Ne le niez pas. Ou alors niez-le si vous le voulez, mais dans ce cas, vous vivrez aveuglément dans le monde. 


Ce que je viens d'énoncer est un constat. Un constat simple. 



A présent, passons à la partie critique. Parce que je ne peux pas laisser cette jeune femme me faire une réflexion de ce type. Si vous voulez savoir, sur le moment, je l'ai ignorée parce que je ne suis pas du genre à perdre mon temps dans des explications faites au coin de la porte, qui ne prendront aucun sens parce qu'elles ne seront pas approfondies. Et je n'aime pas les réactions insultantes et violentes, car ça ne fera pas avancer les choses de lui dire "Ta gueule grosse conne, je fais ce que je veux". Ca ne la fera pas réfléchir et évoluer, et moi, je perdrais mon temps et mon énergie inutilement.

Donc, je choisis le blog pour m'exprimer librement. Je pense que cette remarque était complètement déplacée et qu'elle n'avait pas lieu d'être. Parce que je fais ce que je veux de mon corps. 
Mon corps, c'est ma propriété. 
Mon corps, c'est mes envies. 
Mon corps, c'est mes désirs.
Mon corps, c'est ma vie. 
Mon corps, c'est moi.
Mon corps ne vous appartient pas. Il n'appartient à personne. Vous n'avez pas à le juger. Vous n'avez pas à vous l'approprier. Vous n'avez pas à le mettre au service de préjugés sexistes. Vous n'avez pas à l'analyser. Vous devez simplement accepter. Et si vous n'y arrivez pas, du mois, taisez-vous et épargnez-moi toute remarque déplacée, franchement inutile, et totalement sexiste. 

Et cela vaut pour le corps de toutes les femmes. Si une femme fait le choix de s'épiler ou de se raser, cela la regarde. Si une femme fait le choix de ne pas s'épiler ou de se raser du tout, cela la concerne aussi. Si une femme fait le choix de s'épiler ou de se raser partiellement, cela tient encore de sa responsabilité. 


Vous n'avez pas à lui dicter ses choix, ou à lui faire sous-entendre de manière explicite qu'elle ne correspond pas à vos critères.


Nous sommes des êtres libres. Chacun peut disposer de son corps comme il l'entend. Ce n'est pas votre affaire. 
Et cela vaut aussi pour les corps des hommes. Si un homme fait le choix de s'épiler ou de se raser, cela le regarde. Si un homme fait le choix de ne pas s'épiler ou de se raser du tout, cela le concerne aussi. Si un homme fait le choix de s'épiler ou de se raser partiellement, cela tient encore de sa responsabilité.

Et si une personne qui ne se sent ni homme/ni femme ou à la fois homme et femme fait le choix de s'épiler ou de se raser ; de ne pas s'épiler ou de ne pas se raser du tout ; de s'épiler ou de se raser partiellement, c'est SON corps. 


Apprenez à respecter le corps d'autrui. Apprenez à accepter le corps d'autrui. 


Les préjugés sexistes nous enferment tous. Ce n'est pas qu'une affaire de femmes. Tout le monde est emprisonné. Alors, libérez-vous. Prenez soin de votre corps comme vous l'entendez. Vous n'êtes pas obligé d'obéir à la vision que la société nous impose. Vous pouvez penser, alors soyez courageux, et posez-vous cette question : 


Ma personne est-elle réellement en accord avec les carcans sexistes qui me sont imposés ?


Parce que nos jambes ne sont pas les seules concernées par ce bannissement du poil.




Sylphide






1 commentaire:

  1. Un jour quelqu'un m'a dit : "la seule chose qui vous appartient c'est bien votre corps ; et personne ne pourra rien y changer". J'approuve TOTALEMENT ce que m'a appris cette personne !

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