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jeudi 1 janvier 2015

Niki de Saint-Phalle, féministe avant l’heure ?

Bonjour à tous et à toutes 
Je reviens après un long moment d’absence et je m’en excuse ! Nous voilà donc réunis en cette fin d’année pour un nouvel article.
Je reviens de Paris, j’y ai passé une semaine et j’ai eu la chance d’aller voir l’exposition « Niki de Saint-Phalle » au Grand Palais.  


Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle dite Niki de Saint-Phalle est d’origine franco-américaine, née en 1930 et décédée en 2002. D'abord mannequin elle est devenue à la fois plasticienne, peintre, sculptrice et réalisatrice de films. Si elle est surtout connue du grand public pour ses célèbres « Nanas », son oeuvre s’impose aussi par son engagement politique et féministe et par sa radicalité.Niki, fut internée en hôpital psychiatrique car on la considérait comme schizophrène, à cause des nombreuses crises d’angoisses et de réactions étranges. Le fait est que après 3 ans de psychanalyse lourde, Niki de Saint-Phalle a pris conscience d'avoir été victime d’inceste dans sa jeunesse, victime des pulsions de son père. 

En tant qu’artiste elle fut une des premières artistes à défendre la cause de la femme, des homosexuels, des noirs et la société de consommation.

« Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme, c’était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgit dans mon travail »
Peindre la violence :
Niki de Saint-Phalle ne  peint  pas immédiatement en faveur de  la cause féminine. Elle commence par illustrer une vielle Europe, perdue face aux nouvelles avant-gardes et les avancées de l’art américain. Grande sensible, elle a, de plus un regard vif et personnel sur l’histoire et le monde, allié à un certain goût pour la rébellion et une volonté farouche de montrer. Ainsi elle concilie la violence et le chaos, en l’opposant à la joie de vivre dans des œuvres modernes où abolissant la « peinture traditionnelle » elle passe à l’assemblage, superposant des objets, divers matériaux  sur du ciment. Héritage de sa double culture, des méthodes, qui sont déjà en vogue chez les artistes américains et français tels que Jean Dubuffet et Jackson Pollock.
Autoportrait 

  
On peut penser ici, que l’artiste est "entourée de  violence" (inceste ; guerres) mais elle incarnerait la joie de vivre (mosaïque colorée).






Feu !

En 1961, Saint Phalle est invitée à rejoindre les Nouveaux Réalistes. Elle instaure dès lors une nouvelle forme de peindre, de sculpter , de créer : « Le TIR »  qui mélange art et action. Constitué de surfaces verticales où sont fixées des objets divers et des sachets de peinture, le tout couvert de plâtre. Puis l’artiste  mets en œuvre sa composition transformée au hasard des explosions colorées… Mais elle invite également un ami ou un passant à viser à son tour pour achever une création plus complexe qu’il n’y paraît.
Ces  Tirs rythment sa vie et favorisent un questionnement multiple sur « la mort de l’art », la politique, le féminisme, l’histoire :
« En tirant sur moi, je tirais sur la société et ses injustices. »

 «  Je tire sur : le sida, l’homophobie, les guerres, l’inceste […] »



Kennedy and Kroutchechv
De plus,en pleine Guerre Froide, la tension entre les Etats-Unis et l’URSS est palpable, le monde est divisé en deux blocs et nous sommes sur le fil quant à entrer dans une troisième Guerre Mondiale. Niki de Saint-Phalle représente cette bipolarisation  et ce conflit mondial en mettant en scène  Kennedy et Khrouchtchev partageant un même corps, sourire aux dents.













 « Très tôt je décida de devenir une héroïne. Qui serais-je ? George Sand ? Jeanne d’Arc ? Napoléon en Jupons? »


 Le pouvoir aux Nanas :

«Je ferai les plus grandes sculptures de ma génération. Les plus grandes et plus puissantes, comme celles des hommes ».

Notre artiste prend très tôt conscience de l’inégalité des chances à laquelle sont confrontées les femmes et à l’absence de modèles féminins forts auxquels s’identifier. Ainsi elle décide de devenir une « héroïne ». Niki précède de quelques années les mouvements féministes, elle est l’une des premières artistes à faire de la femme un sujet, qu’elle traitera dans sa complexité : à la fois victime  de l’enfermement dans sa condition féminine et héroïne potentielle d’un monde à inventer. Les œuvres qui suivront  trapperont par leurs titres évocateurs, radicaux et ambivalents. Pour mieux comprendre il faut donc si vous y arriver ahaha (merci la qualité) se pencher sur les objets qui les constituent, ils sont réalité soigneusement choisis.


La femme :

Balayés tous les canons de beauté féminine de l’histoire des arts ! Niki de Saint Phalle renoue avec les Vénus de la préhistoire, des déesses ! L’artiste au physique dit «idéal»34 (elle a été quelques mois mannequin) pose la question de la place de la femme dans la société du XXe siècle et dans l’histoire de l’art. Elle appelle affectueusement chaque sculpture par un prénom, et nomme l’ensemble ses «Nanas». Nana évoque les premiers mots de l’enfance, comme la position jambes écartées est celle d’une peluche ou d’un baigneur assis. Dans le langage courant des sixties, un nana est un fille joyeuse et sans tabou ! Nana est ainsi l’affirmation d’une identité féminine naturelle au sens de non bridée par l’éducation moralisatrice et ce qui est lié, par les interdits de la société.. Le corps en porte sa déclaration féministe : attributs sexuels, cœurs et fleur



Le Sida :
1990




 Le Sida commence ses ravages.  Parce qu’elle est mère et que sa propre santé est fragile , son empathie devient un engagement dans la lutte contre le sida. Son objectif est simple: renseigner de façon pédagogique sur une très vaste échelle et récolter des fonds pour la recherche médicale.






 Le problème de l'apartheid: 
The Nana Power

"The Black Vénus" 1967



Cette Nana , de peau noire et a été créée dans le contexte violent de lutte des noirs américains contre la ségrégation dont ils sont victimes. Le titre de l’exposition fait référence au Black Power, mouvement revendiquant l’égalité des droits des citoyens noirs américains.











           
                                                                                                         Abts.



1 commentaire:

  1. Cette femme était très cultivée aussi ! Et cet article nous en apprend beaucoup sur le contexte historique qui entoura la jeune femme. Intéressant !

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