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mercredi 3 septembre 2014

La question de l'IVG en Espagne.

Me voici à quelques heures de la rentrée, je vous propose non plus un article sur la Photographie mais sur la loi sur le droit à l'avortement. Aucun rapport vous me direz. Mais je reviens de mes vacances en Espagne et suite à un débat avec nos confrères espagnols j'ai trouvé important d'exposer la situation et la mentalité concernant l'IVG en Espagne.

Tout d'abord, l'IVG  c'est quoi ?

L'Irruption Volontaire de Grossesse est le fait de retirer le fœtus du ventre d'une femme porteuse de ce même fœtus. L'élimination de ce fœtus se fait de manière médicale dans un hôpital , bien que malheureusement la manière clandestine l'emporte le plus souvent dans le monde. Pour éliminer cet œuf différentes manières sont possibles : l'absorption de médicaments par voie orale ou alors le retirement immédiat lors d'une opération. Le délai autorisé est de 14 à 22 semaines selon les cas. 

Pourquoi en parler ?

L'IVG  considéré comme un crime par certains, et comme un droit pour d'autres est un acte qui subit énormément de débats dans le monde entier. J'aimerai donc partager mon avis, (profitons de vivre dans un pays avec la liberté d'expression), argumenter mes propos afin de peut-être faire changer d'avis certaines personnes sur l'avortement.
Mais le débat sur l'avortement n'est qu'un aboutissement au débat sur la contraception .Notez que ces deux cas sont étroitement liés.
Pour mieux comprendre tout ça, commençons par traiter le cas français, et revenons sur l'histoire de l'avortement en France :


Simone Veil en 1975.
Tout commence le 31 juillet 1920  lorsqu'une loi stipulant que l'avortement en France est strictement interdit est votée.  A cette époque, la contraception est passible d'une peine de prison et l'IVG de peine de mort. Incroyable non ?  La cause de ces mesures vient de la tête. Le gouvernement espère  de cette manière augmenter le taux de natalité au détriment de notre condition de femme. En 1942 l'avortement est comparé à un « crime contre l'Etat ».
15 ans plus tôt, naissait Simone Veil.

Un symbole de la lutte en faveur de l'avortement sera en 1966. Betty Friedan écrivain et féministe américaine fonde le « NOW » « National Organisation for Women », qui mènera à la création par des militantes du Women's Lib. Organisation qui luttera en faveur de l'avortement et de l'égalité des sexes dans les domaines professionnels. 
Un an plus tard l'usage de la contraception est devient l »gale   par le vote de la loi Neurwith. A chaque avantage son inconvénient, la contraception ne sera pas remboursée par la Sécurité Sociale.
Néanmoins l'avortement reste toujours une pratique punie par la loi.

"Women's lib"
En rendant hommage à la « femme inconnue » antonyme du « soldat inconnu », naît le Mouvement de Libération des femmes qui luttera pour la protection de la femme, contre la violence et en faveur de l'avortement. Mouvement qui marquera le début de la lutte féministe en France, et plutôt puissant de par le soutient de personnalités telles que Simone de Beauvoir ou encore Antoinette Fouque.
En avril 1971 un nouveau coup vient frapper l'ordre public. Le journal « Le Nouvel Observateur » publie une liste de 343 femmes ayant signé une pétition où elles déclarent parallèlement qu'elles ont eu recours à l'avortement au moins une foi dans leur vie, l'IVG rappelons le étant un acte illégal et sévèrement puni par l'Etat. Elles réclament le droit de pratiquer l'IVG en toute liberté et de pouvoir se fournir de contraceptifs gratuitement. Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Jeanne Moreau et d'autres personnalités en vogue signeront également cette pétition.
Le 11 octobre 1972 est une date victorieuse pour le MLF (Mouvement de Libération des femmes crée en 1970) et les féministes en général. En effet Marie Claire Chevalier, jugée pour avoir avorté est relaxée, symbole d'un bon pas en avant.
MERCI SIMONE ! ENFIN le combat des féministes prend fin le 17 janvier 1975.   Suite au combat houleux de Simone Veil ancienne ministre de la santé sous Monsieur Giscard d'Estaing sur les droits des femmes, la loi  Veil est votée dépénalisant l'avortement. La loi est votée à titre provisoire pour une période de 5 ans. Cette loi sera vivement contestée, l'ancienne ministre subira de violentes attaques venant de mouvements religieux et politiques. En 1979 la loi Veil est reconduite, et au même moment Simone Veil devient présidente du Parlement Européen. C'est donc en France de belles batailles qui ont fini par gagner la guerre en faveur de la condition des femmes. Guerre qui changera ou du moins perturbera la mentalité de la société.
De nos jours, 1/3 des femmes ont eu recours à l’IVG au moins une fois dans leur vie, en France.

Et en Espagne?:

La question Française maintenant réglée penchons-nous sur le cas espagnol :
C’est en 1985 que l’avortement devient légal pour motifs médicaux. Avant cette date l’IVG était illégal, les femmes espagnoles voyageaient à l’étranger afin de se faire avorter. Jusqu’en 2010 de nombreuses protestations des fondamentalistes chrétiens (qui obtiendrons la clôture d’une clinique) et du parti conservateur, ont lieu.
En Mars 2007 une coalition de partis politiques de gauche et des verts déposent une proposition qui demande de légaliser l’avortement à la demande de la femme lors des 14 premières semaines de la grossesse. .
En 2009 Il est prévu de laisser la femme (dès l'âge de 16 ans) décider elle-même de l'interruption d'une grossesse au-dessous de 14 semaines. Pour les moins de 16 ans, le consentement parental est stipulé. Jusqu'à 22 semaines, la Commission propose d'autoriser l'avortement pour indications médicales. La loi espagnole en vigueur prévoit l'interruption légale de la grossesse en cas de danger pour la santé physique ou mentale de la femme enceinte.

"Ne nous tue pas!"
En 2010, malgré les protestations massives de l’église  catholique, le Sénat espagnol a approuvé  la loi sur l'interruption de grossesse.

Et c’est cette année, en 2014 qu’a eu lieu une régression. Le parti conservateur de Mariano Rajoy entend modifier les conditions dans lesquelles une femme peut avorter, durcissant considérablement la législation en la matière. Celle-ci tolérait les IVG dans trois cas : les malformations, les viols et les « risques pour la santé psychique de la mère », un motif assez vague pour être utilisé dans 96 % des avortements, sans limite du nombre de semaines de grossesse – ce qui en faisait l'une des lois les plus permissives d'Europe.  
Enfin en Juillet 2014 la loi est votée, nommée : Loi Organique de Protection des droits de la femme enceinte.(traduction approximative désolé).
Cette loi donc supprime le droit à l’avortement prescrit dans la loi approuvée de 2010 par J.L.R Zapatero. Les modifications apportées à cette nouvelle loi sont  que l’avortement est permis s’il existe un risque pour la santé physique ou mentale de la femme ou si il y a un délit contre la femme c’est-à-dire une violence sexuelle.
Cette réforme constitue tout d’abord un énorme pas en arrière et porte atteinte au droit des femmes de décider de leur maternité.
                                                                                                            
Le nombre d’avortements en Espagne depuis la loi de 1985 est passé de 411 à 112.390.


"Sortez les colliers de prière de nos ovaires!"
Sous entendu: Sortez l'Eglise de nos affaires. 

 Il faut aussi savoir que lors de la réforme de cette loi, la majorité des femmes espagnoles étaient contre cette réforme. D'après un sondage publié en Janvier 2014, plus de 73% de la population Espagnole considéraient que la loi actuelle de 2010  sur l'IVG ne devait pas être modifiée. 

Slogan en faveur de l'IVG:
"L'avortement devrait seulement avoir lieu dans un cas extrême, comme par exemple lorsqu'une femme enceinte ne souhaite pas l'être.
J’en conclus donc que si le gouvernement a pu en arriver à changer la loi sur l’avortement c’est parce que l’Espagne est un pays majoritairement croyant et conservateur. En effet 1/3 de la population espagnol est catholique pratiquant. J’ai pu moi-même le constater lors de mes voyages Ibériques. Toutes les écoles, publiques ou privées, se nomment « Ecole/Collège/Lycée Saint ….. ». Et cela sans exception. Des images religieuses se trouvent à chaque coin de rue et les Eglises sont quasi omniprésentes.  Un jour j’ai lancé un débat sur l’avortement, et sans surprise j’étais la seule en faveur de l’avortement, tous étaient d’ailleurs choqués de ma vision de l’IVG, venant même à me traiter de « méchante ». Je leur ai expliqué qu'il vaut mieux avorter que vivre toute une vie avec un enfant indésiré qui d'autant plus en souffrira également. De plus il est anormal que d'autres personnes, en plus des hommes politiques décident d'obliger les femmes (saufs cas spéciaux) à garder l'embryon qui a été conçu par erreur. Et scientifiquement à 14 semaines de développement le fœtus n'a pas encore acquit tous ses sens et quasiment rien d'autre d'ailleurs, il ne ressent donc aucune douleur car il n'est même pas conscient tant son stade de développement est naissant.    



"Le droit de tuer n'existe pas, le droit de vivre oui",
Slogan du groupe d'action pro-vie: VIVIR
Mes amis, pendant les vacances allaient tous les dimanches matin à la Messe.  Un d’eux y allait tous les jours. Sur un total de 15 personnes, 2 ne croyaient pas en Dieu. Les croix catholiques sont devenues un accessoire de mode, tous la portent autour du coup ou au poignet. Tous sont au moins 6 voire 7 par familles typique des familles croyantes. C’est un voyant la coque  du téléphone de ma cousine, que j’ai compris l’importante place de la religion en Espagne. Sa coque était décorée par une image de la Vierge lors de la marche de la « Semana Santa »  soit semaine sainte où défilent chars religieux et pénitents, qui a lieu tous les ans en Avril. Pourtant mes amis sont des adolescents normaux, comme vous et moi, ils sortent, font la fête etc. ...
"L'avortement n'est pas un droit, c'est un assassinat".
Ce nombre important de croyants a donc des idéaux propres. Et l’avortement pour eux est synonyme de crime et c’est quelque chose qu’ils ne tolèrent pas du tout. Les évêques prennent notamment la parole en ce sujet et ne mâchent pas leurs mots. Ils ne comprennent pas comment le gouvernement peut décider de la vie où mort d’un autre être humain, ou quel concept de solidarité a une société qui ne trouve aucune autre solution que l’avortement pour solutionner les problèmes de la femme enceinte.



Marche à Barcelone, en faveur de l'avortement, Février 2014.
La femme doit avoir le droit de disposer de son corps, elle en fait ce qu’elle veut en tout légitimité. Aucune personne ne peut décider à sa place de ce qu'elle souhaite faire. 







Je m’excuse de la longueur de cet article (on dirait que ça devient une habitude entre nous 3), j’espère ne pas trop m’être éparpillée (coucou article ci-dessous) et que vous avez compris la question que j'ai voulu traiter.                                                                                                 
                                                                                                                                                                                                            ABTS.
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