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jeudi 14 août 2014

Le slut-shaming.

Je reviens en ce milieu de mois d'Août pour vous parler cette fois, non pas de littérature, mais d'un phénomène de société qui me tient à cœur.

Il s'agit du slut-shaming.

Vous ne connaissez sûrement pas le terme, mais je suis presque sûre que vous l'avez déjà pratiqué au moins une fois dans votre vie, à mon plus grand désarroi. Cela dit, lorsque j'étais jeune et follement bête, j'ai aussi pratiqué le slut-shaming. Preuve que l'on peut changer.






Alors, le slut-shaming, c'est quoi ?



Exemple de slut-shaming.
Si nous nous attardons quelques secondes sur l'étymologie de ce charmant terme, nous découvrons deux mots : «slut» soit salope en anglais, et «shaming» qui veut dire humiliation. Ça nous en apprend déjà pas mal sur le slut-shaming.



Je vais commencer par vous donner deux exemples afin que vous compreniez ce qu'est le slut-shaming :

_ Mme X a couché avec une dizaine de garçons de votre lycée. La réaction la plus probable ? «Mais quelle pute celle-là, c'est vraiment une fille facile, qui ne sait pas se respecter !»

_ Mme Y sort de chez elle avec une jupe courte, un décolleté, du maquillage, des talons. La réaction la plus probable ? «Putain mais elle s'habille comme une pute !»



Le point commun de ces deux exemples ultra-courants – ne me dites pas que je mens, pour être lycéenne, j'entends du slut-shaming horripiler mes oreilles assez souvent – : le terme «pute». On aurait aussi pu le remplacer par salope, mais en France nous utilisons plus souvent «pute».



Bien, maintenant, j'imagine que vous avez compris en quoi consiste le slut-shaming : c'est le fait de traiter les femmes de «salope», de «putes». En fait, on leur donne une connotation très négative par rapport à leurs actions.







La question suivante est pourquoi ça pose problème ?



Autre exemple de slut-shaming. Ici, la femme n'a pas le droit au sexe selon une femme.
Je pose cette question parce que les gens en général ne voient pas souvent pourquoi cela serait un gros problème, puisque c'est très courant d'assimiler les femmes à des putes.



Au contraire, ça en dit long sur notre société. J'espère que vous n'avez pas oublié, entre temps, que dans l'expression «slut-shaming» nous retrouvons le mot «shaming», soit humiliation.

En effet, traiter une femme de pute ou de salope mais aussi de bitch, slut, ou whore en anglais revient à une humiliation pour cette femme, puisque c'est un terme très péjoratif qui place la femme à un rang inférieur de part ses actions. La femme n'en est plus une, non, elle est d'abord la «pute», la «salope». Et comme elle est déshumanisée et qu'elle n'est plus femme, cela permet d'encourager des pratiques d'autant plus terrifiantes comme le viol.

Et bien oui, dans une logique affreuse mais qui peut être pensée par les hommes comme les femmes, une «pute» en tant que telle, ne se respecte pas, n'est plus vraiment une femme mais un objet donc on peut la violer. C'est pourquoi certaines féministes parlent de culture du viol.



Je tiens aussi à mettre en valeur un autre élément problématique du slut-shaming. Le slut-shaming peut être pratiqué par les hommes, mais pour ma part, je crois que je l'ai plus souvent entendu de la bouche de femmes. Le sexisme ne vient donc pas que des hommes, mais aussi des femmes, et ça fait peur, parce qu'au lieu de faire comprendre qu'elles ne sont «ni putes ni soumises», et encore moins des objets, les femmes se plantent littéralement des cutters dans les paumes en se traitant elles-même de termes dégradants. Et c'est triste. 






Je tiens à revenir sur mes deux exemples, pour vous éclairer sur les bien-fondés du slut-shaming :

_ Dans l'exemple 1, Mme X a couché avec une dizaine de garçons et on la traite de pute. Or, les femmes n'ont-elles pas le droit de disposer de leur corps comme bon leur semble ? Si. Les femmes n'ont-elles pas le droit au plaisir sexuel ? Si. Les femmes ne sont-elles pas des êtres humains comme les autres, qui ressentent du plaisir ? Si. Bien. Je ne vois donc pas pourquoi il faudrait traiter Mme X de pute, de salope, ou de tout autre terme équivalent.

_ Dans l'exemple 2, Mme Y porte une jupe courte, des talons, du maquillage, un décolleté. Pour certains, Mme Y peut paraître provocante. Pour d'autres, Mme Y peut sembler vulgaire. Mais cela justifie t-il le fait qu'elle soit dévalorisée, dégradée pour ne plus être un être humain – puisque les femmes sont des êtres humains – mais une sorte de sous-fifre appelé pute ? Non. Et puis, Mme Y a t-elle le droit de s'habiller comme elle le veut ? Oui. Mme Y a t-elle le droit de disposer de son corps librement ? Oui. Donc, rien ne justifie des insultes.



Slut-shaming, encore.
Je n'ai cependant pas fini avec le slut-shaming. Maintenant, prenons un autre exemple : M. W a couché avec une dizaine de filles du lycée et qu'elle va être la réaction la plus probable ? «T'es un dieu, mec. T'assures.» et tous autres compliments dans le même genre. Il y a donc une énorme différence entre la femme et l'homme, n'est-ce pas ? Le sexe porte l'homme en une personne honorable, et cela transforme la femme en moins-que-rien. Pourtant, M. W et Mme X ont fait exactement la même chose. Jamais vous n'irez traiter un homme ayant couché avec un grand nombre de femmes de «pute» ou de «gigolo», de «prostitué» ? Voilà, nous avons mis le doigt sur un autre grand problème.

L'homme est libre de coucher avec qui il veut, quand il veut, combien de fois il veut, mais la femme ne peut pas, ne doit pas. Sinon quoi ? C'est une pute, une salope, une traînée, une fille facile … Et j'en passe.






Enfin, j'ai effectué une petite recherche sur internet. J'ai tapé consécutivement les termes «bitch» et «pute», dans la barre de recherches Google, et je suis allée dans les images.

Pour le mot «bitch» j'ai notamment trouvé une photo avec des dizaines de filles en maillots de bain, une autre en trikini, ou encore une en sous-vêtements. Preuve qu'il y a un grand problème dans notre société, puisqu'une fille en maillot de bain ou en sous-vêtement a l'image d'une bitch.

Pour le mot «pute», je suis tombée sur une photo de deux femmes s'embrassant, de deux femmes très maquillées, et une photo de la chanteuse Priscilla quand elle était ado : son seul tort ? Porter une chemise où l'on voit son nombril.



Voilà à quoi renvoient ces mots que vous utilisez si souvent. L'utilisation de ces termes n'est justifiée nulle part. Et elle n'est pas non plus justifiée lorsqu'une femme couche régulièrement avec plusieurs hommes différents, ou lorsqu'elle met des talons, une jupe courte, du maquillage, et un décolleté.







En conséquence, je voudrais vous dire que, qui que vous soyez, hommes, femmes, vous devriez prendre conscience de cela, vous rendre compte que la femme a le droit au plaisir et doit pouvoir s'habiller comme elle s'entend sans se faire traiter de termes inacceptables. C'est un manque de respect que d'appeler une femme une «pute» ou une «salope». Et le respect, tout le monde doit y avoir droit, ce n'est pas exclusivement réservé aux hommes.




Il s'agit d'obtenir l'égalité des sexes.





Sylphide.



** : Dans femmes, j'entends aussi femmes transgenres, qui peuvent également être victimes de slut-shaming. 

Pour un autre article sur le slut-shaming, vous pouvez aussi cliquer ici.

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