Pendant mes deux semaines de vacances
sans Internet, ni wifi, j'ai eu l'idée de faire un article sur notre
société et l'importance de l'apparence dans celle-ci, et de l'argent. Le but n'étant pas de dénigrer
totalement notre société, mais plutôt de vous amener à réfléchir
sur celle-ci et ses bien-fondés.
Cette idée de raisonner sur la société
de consommation de masse dans laquelle nous vivons m'est venue lors
d'une discussion avec ma meilleure amie, apparemment banale. En
effet, elle m'a demandé quelles étaient mes chaînes Youtube de
mode/maquillage/beauté préférées. Je tiens donc à éclairer le
phénomène de ces chaînes Youtube avant de poursuivre, car cela
constitue un point important de mon analyse.
Les chaînes Youtube de
mode/maquillage/beauté, c'est quoi ?
Le principe d'une chaîne Youtube
parlant de mode, de maquillage et de beauté, et de vous faire
découvrir ces trois domaines plus en profondeur : les
youtubeurs/youtubeuses feront des vidéos «Favoris» tous les mois
pour vous montrer les produits qu'ils/elles ont préféré ; des
«Haul» – qui signifie butin en anglais – pour vous
montrer tous les vêtements/produits de beauté qu'ils ont acheté
dernièrement ; des «Swap» – qui signifie troc ou échange
en anglais – où le but est d'envoyer un colis rempli de cadeaux à
un(e) autre youtubeur/youtubeuse et que celui-ci fasse pareil ; des
«Get ready with me» pour montrer leur routine soin/maquillage du
matin, sachant qu'il existe aussi des «Get unready with me» pour la
routine du soir. Plus généralement, ces chaînes Youtube ont pour
but de vous montrer de nouveaux produits de beauté/mode et de vous
donner un avis – positif ou négatif – sur celui-ci.
Apparemment, rien de dérangeant à
l'horizon. Et pourtant, si, ça l'est.
Alors, c'est quoi le problème ?
Le premier
problème selon moi, c'est que ces chaînes Youtube alimentent
drôlement la société de consommation de masse qui est la nôtre :
effectivement, en vous montrant de nouveaux produits de manière
généralement alléchante et indispensable, cela vous donne envie
d'acheter le même produit, ou un équivalent du moins. Et donc, ces
Youtubeurs/Youtubeuses vous ont créé des besoins nouveaux, qui
n'avaient peut-être pas lieu d'être : vous aviez déjà quatre
rouges à lèvres rouges, et vous en voulez un cinquième. Ce n'était
pas utile.
Le deuxième
problème, c'est que les Youtubeurs/Youtubeuses, quand ils deviennent
assez connus, sont contactés par de grandes marques pour promouvoir
leurs produits. Là où ça cloche, c'est que ces
Youtubeurs/Youtubeuses ne sont pas forcément honnêtes avec vous, et
qu'ils peuvent ne pas vous avertir qu'ils ont été contacté par X
marque pour présenter X produit : si ça se trouve, le produit ne
leur plaît même pas, et ils/elles le trouvent déplorable.
Cependant, vous, vous y aurez cru et vous serez tombé dans les
filets des grandes marques, qui ont atteint leur but : augmenter le
nombre de consommateurs.
Le troisième
problème, c'est que ces chaînes Youtube sont donc très axées sur
l'apparence, du fait de leur thème qui regroupe en général
le maquillage, les soins, et les vêtements. Les conseils qu'elles
prodiguent dans ces trois domaines, auxquels nous pouvons ajouter la
coiffure, peuvent certainement aider certain(e)s personnes à se
sentir mieux dans leur peau, ou à apprendre à se maquiller alors
qu'elles ne savaient pas comment faire. Je ne dis pas que tout est
noir ou que tout est blanc. Néanmoins, le maquillage, les vêtements,
les soins, la coiffure appartiennent à la grande famille de
l'apparence, et je trouve ça dommage que certain(e)s personnes,
souvent jeunes, ne regardent exclusivement que des vidéos pareilles
car cela leur apprend qu'il faut «être beau» et que cela passe par
le fait d'acheter X produits : l'avoir prime sur l'être.
Et certain(e)s
personnes sont trop peu matures pour savoir faire la différence
entre l'achat de quelques produits utiles et l'achat de nombreux
produits futiles. Il suffit d'une seule lettre pour passer de l'un à
l'autre.
Le quatrième
problème, qui découle naturellement du troisième, c'est que cela
montre la superficialité, l'artificialité et même la futilité de
la société dans laquelle nous vivons, puisque l'accent est mis sur
ce qu'est une personne à l'extérieur, et non sur ce qu'elle est
réellement à l'intérieur. Comme l'a si bien dit ma meilleure amie,
il faut donc «avoir pour exister».
Je pense avoir
fait le tour de la question sur les chaînes Youtube, qui ne
constituaient qu'un maillon de ma réflexion. Le but n'est pas
d'incriminer de tous les torts ces chaînes, mais plutôt de montrer
en quoi elles sont des purs produits de la société de consommation
de masse, et de son évolution, grâce aux nouvelles technologies.
J'aimerais
beaucoup reprendre l'idée de l'avoir qui l'emporte sur l'être, et
du fait que notre société, en raison de la consommation de masse,
nous entraîne vers le «avoir pour exister». Les premiers
jugements que nous avons sur une personne passent évidemment par
l'apparence, par ce qu'elle porte, comment elle est coiffée,
maquillée ou autre, car nous ne la connaissons pas encore. Je pense
qu'il en a toujours été ainsi, depuis toujours. Cependant, dans
notre société du fait de la prolifération des vêtements et des
produits de soin/beauté, mais surtout de leur accessibilité,
l'apparence prend une autre dimension, beaucoup plus importante : il
est dans les «codes» d'être bien habillé, coiffé, maquillé,
paré, pour être reconnu comme socialement valable. Socialement
valable signifie que vous êtes identifié(e) comme une personne
pouvant être côtoyée car bien apprêtée ; votre capital sympathie
se base donc uniquement sur votre apparence, et on ne va pas d'abord
chercher à savoir qui vous êtes, mais plutôt ce que vous avez, ce
que vous achetez.
L'avoir qui
l'emporte sur l'être, je l'ai aussi retrouvé sur Tumblr, un réseau
social très démocratisé chez les adolescents. En effet, alors que
je parcourais le tableau de bord, je suis tombée sur cette phrase
«If you can't beat them, dress better than them»
– soit «Si tu ne peux pas les battre, habille-toi mieux
qu'eux» en français – et
elle m'a vraiment interpellée : cette phrase déclare que si on ne
peut pas battre son «ennemi(e)» dans X domaine, il faut s'habiller
mieux que lui/elle. Donc si on n'aime pas quelqu'un, il faut montrer
que l'on a plus que et surtout mieux, et pas que l'on est meilleur
que cette personne. Cela peut paraître anodin, mais ça en dit long
sur notre société, et sur la façon dont elle est régie. Une fois
de plus, l'apparence passe avant l'être, et rafle tous les prix.
Cet
exemple parmi d'autres montre donc que dans la pensée collective, il
est inscrit de manière plutôt homogénéisée que l'avoir et
l'apparence priment sur tout, vous l'aurez compris. Cependant, on
pourrait se demander d'où vient cette croyance ancrée dans notre
société. La réponse me paraît assez simple, voire évidente : des
magasines, des publicités, des films, des séries... En effet, je ne
sais pas si vous avez déjà ouvert un magasine féminin – à
l'occasion faites-le –, mais dans ce type de magasine vous
trouverez généralement l'accent mis sur la mode, les conseils
beauté et soins, l'emportant généralement sur les articles
concentrés sur la culture, le monde, l'international. De plus, dans
ces magasines là, les mannequins choisis pour illustrer ne seront
jamais des personnes «moches», et seront flawless
comme on dit en anglais, soit sans défauts, parfaites.
Cette
perfection de l'apparence est donc inculquée dès le plus jeune âge
aux enfants, et principalement aux petites filles à travers les
publicités, et les films et séries où les personnages principaux
sont beaux, il ne faut pas le nier. On n'apprend donc pas aux enfants
à être sages, gentils, bien élevés à travers les images
véhiculées, mais d'abord à avoir une apparence parfaite.
Le
problème est que cette apparence parfaite véhiculée par les médias
est totalement erronée puisque les personnes présentées comme
parfaites ont été préalablement maquillées/coiffées par des
spécialistes afin que leurs imperfections disparaissent, et je ne
sais pas si vous le savez, mais il existe une technique de maquillage
appelée le contouring
qui permet de changer la forme de votre visage : un fond de teint
clair vous permettra d'illuminer certaines parties de votre visage
alors qu'un fond de teint foncé permettra de les creuser. De plus,
Photoshop existe et permet de modifier totalement un visage ou un
corps, et de créer une apparence parfaite, alors que celle-ci est
inexistante.
Cela n'est pas sans rappeler les Barbie, poupées aux corps parfaits
mais dont les dimensions surréalistes ne donneraient qu'un corps
déformé, mal proportionné.
Je ne dis bien sûr pas qu'il faut bannir le maquillage/les soins/la
coiffure/les vêtements, car j'aime moi-même utiliser tout cela pour
me sentir mieux dans ma peau ; je dis simplement qu'il faut se rendre
compte du côté démesuré qu'a pris l'apparence dans notre société
et qu'il faut y faire moins attention pour se recentrer sur des
choses plus essentielles et plus naturelles. Il ne faut pas abuser de
toute cette superficialité que nous offre la société.
Maintenant
que j'ai étudié l'apparence qui prime sur tout, je voudrais revenir
sur la notion de «avoir pour exister», qui est un pur produit de la
société de consommation aussi. Avoir pour exister implique que pour
avoir, et bien, il faut acheter. Et donc, la célèbre maxime de
Descartes «Je pense donc je suis»
se transforme en «J'achète donc je suis». Et
pour acheter, qu'est-ce qu'il faut ? Voilà, on y vient. Pour
acheter, il faut de l'argent.
.
Selon moi, notre société est donc totalement régie par l'argent,
par des bouts de papiers et ou des morceaux de métal, et nous
dépendons crucialement de lui. En effet, celui qui n'a pas d'argent
ne peut remplir ses besoins primaires comme manger, boire, avoir un
toit ; mais celui qui n'a pas d'argent ne peut aussi pas vivre dans
des conditions «confortables» soit avoir une télévision, un
réfrigérateur, un lave-vaisselle, une machine à laver, un
ordinateur : les technologies nouvelles lui sont donc inaccessibles.
Cette personne ne peut pas non plus remplir les conditions répondant
à la perfection de l'apparence, car il va d'abord se concentrer sur
ses besoins primaires. Enfin, si nous n'avons pas d'argent, et plus
certainement de pouvoir d'achat, nous ne pouvons faire fonctionner
notre économie puisque nous ne pouvons pas dépenser et donc
augmenter les carnets de commande des entreprises, dans la thèse de
l'économie de la demande. Avoir de l'argent, c'est aussi pouvoir
affirmer que l'on bénéficie d'un certain privilège, que l'on
appartient à une certaine classe sociale. Donc avoir de l'argent,
cela permet de s'affirmer dans la société, de montrer son aisance
matérielle, mais aussi d'accéder aux loisirs, à la culture, aux
vêtements, à la nourriture, et plus globalement au confort.
Le
fait que l'argent donne accès à tout – je généralise mais c'est
principalement vrai – est la raison pour laquelle il est devenu si
important dans notre société, et cela permet de comprendre pourquoi
les masses veulent plus d'argent ; en effet, si vous écoutez parler
certaines personnes vous vous rendez bien vite compte qu'elles
voudraient être riches.
Cela est compréhensible après tout, il s'agit du désir de vivre le
plus confortablement possible, et de pouvoir céder à la tentation
d'acheter ce que l'on veut, quand on veut, de ne plus se sentir en
position de faiblesse parce que l'on ne peut pas consommer comme on
l'entend. Ce souhait suprême d'obtenir plus d'argent le plus
rapidement possible montre bel et bien une forme d'esclavage face à
celui-ci, un esclavage d'autant plus cynique que l'argent a été
créé par l'être humain, et que ce n'est rien de plus qu'un bout de
papier, n'est-ce pas ?
Je
pense que globalement, l'argent a toujours été important dans
l'existence humaine, mais peut-être l'est-il devenu d'autant plus au
cours du XXème siècle, avec la société de consommation de masse,
mais aussi avec le système économique qui est le nôtre, le
capitalisme. Le capitalisme, qu'est-ce que c'est ? C'est tout
simplement un régime où la recherche du profit prime. L'important
est donc de profiter soit d'avoir toujours plus : l'argent doit
couler à flots. Le fait que notre système économique ait une telle
«devise» si je puis dire, nous influe particulièrement et alimente
la suprématie de l'argent sur bien d'autres valeurs.
Toutefois, est-ce que l'argent fait le bonheur ? C'est une question
vieille comme le monde, mais complexe et importante. J'estime que que
la réponse est double, et que nous ne pouvons trancher en faveur
d'une réponse simple, claire, et nette : l'argent fait le bonheur
dans la mesure où une personne totalement démunie et ne pouvant se
procurer de l'eau, de la nourriture, et un endroit pour vivre ne peut
même pas se concentrer sur la notion de bonheur, puisqu'elle a
besoin de survivre avant cela. Néanmoins, l'argent ne fait pas le
bonheur, car les choses les plus importantes dans la vie : l'amour,
l'amitié, la famille et autres, ne s'achètent tout simplement pas.
Cet article aura été très long, et je m'en excuse, mais j'espère
qu'il vous aura intéressé. Par ailleurs, j'ai réfléchi à
plusieurs notions et idées, et j'espère que cela n'aura pas été
trop brouillon pour vous et que vous aurez retenu ce que je voulais
principalement faire comprendre : l'apparence et l'argent sont des
facteurs de notre société qui ne peuvent disparaître mais qui
mériteraient des places secondaires au lieu de nous rendre
prisonniers.
Sylphide.