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dimanche 21 juin 2015

L'image médiatique de la femme est-elle dégradante ou dégradée ? Partie II : La femme de foyer.


Bonjour! Malgré cette rude période d'examens, j'en profite pour vous glisser la suite d'une série d'articles commencée il y a quelques mois sur la place de la femme dans les médias.. Et oui, quoi de plus que du féminisme et de l'eau fraîche pour bien vivre en été ? Bref, le deuxième volet est consacré à l'image de la femme dégradée, vu en tant que femme de maison uniquement. Et si vous voulez vous rafraîchir la mémoire en lisant le premier article de cette série, le voici !


I- La femme dans les médias : une image incontestablement dégradante.

2) La femme de maison.

          Autrefois, la femme était considérée au même titre qu'un objet aux yeux de la justice. Cependant, elle est encore aujourd'hui rattachée au domaine de la maison. Les médias, à travers les images qu'ils véhiculent, ne semblent pas vouloir dissocier femme et maison. Cela implique que la femme n'a d'autres aspirations que de s'occuper des tâches ménagères, préparer les repas, et élever les enfants. Si les mœurs ont changé, la société refuse pourtant de voir que les rôles au sein du foyer ne sont pas attachés à notre sexe : la femme ne naît pas avec un balai à la main, autant que l'homme ne naît pas avec un marteau entre les mains. Malgré le fait que les femmes se libèrent des tâches attachées au domicile familial par le travail – 59 % des femmes ayant achevé leur formation initiale ont un emploi à temps-plein en 2011 –, et par les études supérieures – 57, 6 % des étudiants en licence ou en master sont des femmes en 2011 –, ce qui justifie que l'âge moyen de la première grossesse a reculé de quatre ans depuis les années 1960, passant de 24 à 28 ans, les médias s'obstinent à créer un lien entre les femmes et les travaux rapportés au foyer. 

 
Effectivement, toutes les publicités qui concernent les produits d’entretiens s'adressent directement aux femmes. Les publicitaires engagent des actrices et non des acteurs, car un homme qui verrait une publicité pour du produit vaisselle joué par un homme ne se sentirait pas – ou moins – concerné par le propos : nous pouvons donc percevoir un réel sexisme, qui démontre que notre société n'a pas atteint une totale égalité entre hommes et femmes. De plus, les couleurs choisies dans ces publicités sont étudiées pour plaire aux femmes, comme dans le spot publicitaire du produit vaisselle Mir «Secret de soins», paru en 2013 et dont les couleurs sont uniquement roses.

Dans ces publicités, les femmes sont montrées comme de parfaites maîtresses de maison : elles savent tout à fait cuisiner, ont le sens du rangement et du goût pour la décoration, et entretiennent avec grand soin leur maison. Il semble donc que les femmes rentrent donc avec merveille dans le moule qui a été créé pour elles : celui de la femme de maison. Par ailleurs, elles n'apparaissent pas comme ayant d'autres qualités ou centres d'intérêt.
Ces publicités donnent une image de la femme qui n'est plus d'actualité, car dans notre société occidentale les hommes commencent à prendre conscience que les tâches ménagères ne sont pas uniquement destinées aux femmes, et qu'ils doivent aussi s'impliquer dans celles-ci. Les rôles prédéfinis par les genres commencent donc à évoluer dans l'esprit des populations.
Toutefois, certaines publicités consolident le fait que les femmes doivent absolument faire le ménage, et qu'elles sont totalement dans leur univers en faisant celui-ci, comme dans la publicité Mir évoquée plus haut – par ailleurs condamné par le JDP (Jury de déontologie publicitaire) : en effet, le produit vaisselle est entouré de pétales de roses, de mousse, et même d'une éponge rose, ce qui correspond à des clichés sur la femme. De plus, la main féminine est dotée de vernie, ce qui suppose que les femmes peuvent à la fois atteindre la perfection physique et rester des femmes de foyer. Enfin, les menottes roses à fourrure ont une connotation sexuelle, comme si la femme éprouvait un grand plaisir en faisant la vaisselle.
Ces publicités éduquent notre société en lui apprenant à assimiler femme et balai, comme dans la campagne publicitaire du magasin Casino pour la fête des mères, datant de 2012 : il est proposé d'offrir à nos mères du produit vaisselles, des essuie-touts, ou encore de la lessive. Les enfants qui voient ce type de publicités sont les premiers réceptifs aux messages cachés, et comprendront donc que pour rendre heureuses leurs mamans, ils doivent les inciter à faire le ménage. En grandissant, ces mêmes enfants garderont en tête l'idée selon laquelle la femme doit se comporter en parfaite ménagère tandis que l'homme est lui un bricoleur-né : il y a ainsi de fortes chances que les enfants reproduiront eux-mêmes ce schéma, imposé par la société au travers de publicités.

Les publicités ayant un rapport avec le ménage, les produits d'entretiens et tout ce qui concerne le rangement de la maison, se trouvent généralement entre et après des émissions ou des séries dont l’audience se trouve être composée de femmes. Ainsi, les publicitaires payent plus cher pour passer dans les horaires publicitaires après des séries qui touchent un grand nombre de femmes au foyer, car selon eux c'est le premier public concerné par leurs produits, et de cette manière ils s'assurent de les sensibiliser à leurs produits.
Le problème est donc que les femmes au foyer sont victimes de manipulation – sans qu'elles le sachent –, puisque ce sont des publicités de produits ménagers qui leur sont montrées : elles assimilent ainsi la vision de femme de ménage que la société à d'elles, et se tournent vers des produits qui leurs semblent nécessaires pour correspondre totalement à leur «rôle».



Si l'éducation des enfants est partagée par les deux parents de nos jours, les publicités quant à elles s'obstinent à écrire des scénarios dans lesquelles se sont toujours les mères qui s'occupent des enfants, car les pères sont trop occupés à travailler. En effet, la mère a la possibilité d'aller chercher les enfants à l'école, puisqu'elle travaille pas, ou finit tôt ses journées de travail – il est ainsi sous-entendu que son emploi du temps professionnel est moins chargé que celui du père. Les campagnes publicitaires sont ainsi composée d'autant de sous-entendus possibles qui dégradent de manière ouverte ou subtile l'image de la femme, en la faisant passer pour un être cantonné aux tâches relatives au foyer, tel la publicité Carrefour datée de 2012, qui implique que la femme n'est soulagée et satisfaite qu'après s'être occupée de ses enfants, de son mari, et de ses courses. Par ailleurs, la femme représentée tient dans ses mains un panier de linge – ce qui implique qu'elle va faire la lessive, et continuer de nettoyer –, dans lequel se trouve un chiot : ainsi, cela suppose qu'elle s'emploiera à l'éducation du chiot, autant que celles des enfants, d'autant plus qu'un chiot est lui-même un «enfant».

Lorsque la période des fêtes approche, et plus particulièrement Noël, nous pouvons réaliser à quel point cette place de «femme de foyer» est ancrée dans la société : les petits garçons sont associés à des jouets de guerre, de supers-héros ou de bricolage, alors que les petites filles sont assimilées aux produits ménagers à travers des minis aspirateurs, des balais, des cuisinières en plastique, ainsi que de faux marchés pour aller faire les courses.
Par exemple, une publicité vendant une machine à laver pour petites filles montre au premier plan l'enfant s'amusant avec son nouveau jouet, et à l'arrière-plan sa mère pliant le linge. Mère et fille semblent parfaitement heureuses, ce qui apprend aussi aux petites filles qu'en effectuant des tâches ménagères elles pourront faire «comme leur maman» et seront, en plus de cela, contentées. Une autre photographie prise dans un magasin présente un chariot de ménage rose et violet, avec l'insigne «Girls only» sur l'emballage du jouet. Ainsi, les petites filles et seulement elles doivent faire le ménage.
Dès leur plus jeune âge, les filles apprennent que la femme est intimement liée au ménage, et les petits garçons apprennent à être servis par ces dernières, modèle qui sera reproduit, puisqu'il aura été intégré.

Encore une fois, les publicités ne renvoient pas une image de la femme égale à celle des hommes, mais bien une image dégradée, et dégradante, puisque la femme est cantonnée à sa place de femme de foyer. Par ailleurs, les publicitaires utilisent le passé de femmes soumises et rabaissées dans leur condition, ne travaillant pas pour s'occuper de la maison, afin de vendre leurs produits.

Les femmes se laissent donc influencées par les médias et l'image négative et dégradante qu'ils renvoient d'elles-mêmes, et n'ont pas conscience de l'impact des images médiatiques qui leur sont présentées sur leur vie présente et future. Ceci est alarmant, d'autant plus que la publicité, nous l'avons vu, ne permet pas à la femme de se libérer mais l'enferme dans les carcans de la beauté et du monde ménager. Une prise de conscience ainsi qu'un changement de cet image médiatique est donc nécessaire afin qu'une évolution puisse subsister, et gommer définitivement le sexisme ambiant.


Et si vous voulez aller plus loin, et dénoncer au quotidien des publicités sexistes, machistes et/ou misogynes, je vous invite à aimer la page Facebook "Je suis une pub sexiste", qui met un point d'honneur à le faire.


Sylphide.